Le Sénat a voté vendredi la réforme des retraites. Il semblerait que la réforme ait de grandes chances de passer, même si les manifestations et blocages actuels incitent à la prudence. Une immense occasion perdue de véritablement réformer notre système et d’en débattre ouvertement.
Une opposition malhonnête
Le PS a aussi démontré sa mauvaise foi en se lamentant sur le sort des carrières longues ou difficiles. Alors qu’il n’a rien fait pour ces personnes pendant les quinze années où il a été au pouvoir, comment peut-il critiquer un gouvernement qui prend des mesures pour compenser ceux qui ont eu des carrières pénibles ou précoces ? Et comment ne pas constater les contradictions d’un parti qui accepte l’allongement de la durée de cotisation mais pas le report de l’âge de la retraite ?
Une fausse réforme
Mais le gouvernement n’est pas en reste. Il est risible de voir les ministres défendre cette réforme en affirmant sans rire qu’elle sauve littéralement le système de retraite par répartition ou de voir Benjamin Lancar interpeller sérieusement les jeunes en disant que cette réformette assure leur retraite future. Dans la réalité, les déficits devraient perdurer jusqu’en 2017 et continuer après 2019, le tout avec des hypothèses de taux de croissance et de taux de chômage irréalistes.
Bref, cette réforme n’est qu’une réformette qui ne résout rien et qui imposera d’autres réformes dans les années à venir. Elle n’est qu’un symbole destiné à rassurer les marchés et une posture politicienne dont Nicolas Sarkozy espérait tirer parti sur la foi des sondages du printemps où les Français semblaient accepter le report du départ de l’âge de la retraite. Le seul objet de la réforme était de souder l’électorat de droite et d’affaiblir la gauche, mais le piège s’est refermé sur son initiateur.
Cette réforme de retraite restera dans les annales de la Cinquième République comme un épisode où les Français auront pu assister à une course de vitesse de mauvaise foi entre la majorité et l’opposition. D’où le rejet du système qui s’exprime dans les manifestations.
Laurent Pinsolle